La Boite de Securité
par Paul Dufresne, December 2011
Un objectif très important pour moi est d’enseigner aux gens comment apprendre à leur cheval à se sentir en sécurité. Pour cela, le cheval doit percevoir son cavalier comme étant un bon leader. Il est donc impératif pour le cavalier d’agir en bon leader. Une des caractéristiques d’un bon leader est d’offrir confort et sécurité. Une technique très efficace pour inciter le cheval à se sentir en sécurité est de secouer un drapeau et, comme dirait Buck Brannaman, «de garder simultanément les pieds du cheval dans notre rectangle.» Personnellement, je préfère utiliser le mot «boîte» plutôt que «rectangle». En fait, le terme précis que j’utilise est la «boîte de sécurité». Notez que le but n’est pas simplement de secouer le drapeau autour du cheval pour le désensibiliser. Plutôt, cet exercice a pour objectif de développer un cheval qui se sent calme et confiant lorsqu’il est avec son cavalier.

Pour cet exercice, le cheval doit porter un licol et une courte longe. En premier lieu, je demande au cheval de se déplacer loin de moi. J’utilise une légère pression sur la longe pour qu’il déplace son avant-main dans une séquence précise: le museau, suivi par la tête et enfin les épaules. Le cheval ainsi croise ses jambes antérieures en s’éloignant de moi. En deuxième lieu, j’élève la longe et je la dirige vers l’arrière-main du cheval. Cela a pour effet d’incurver le cheval et par conséquent, il va croiser ses jambes postérieures et s’arrêter. En troisième lieu, je m’assure que le cheval sait s’éloigner de moi au reculé lorsque, en lui faisant face, je secoue la longe légèrement dans sa direction. En somme, cet exercice enseigne au cheval à respecter notre espace personnel, ou ce qu’on appelle souvent en psychologie, notre «bulle». Le cheval apprend qu’il ne peut pas entrer dans mon espace à moins que je l’invite. Lorsque j’enseigne cet exercice, je garde une bonne distance avec le cheval afin qu’il ne se sente pas menacé. Le cheval fini par comprendre que j’arrête d’appliquer de la pression sur lui lorsqu’il cède. Je m’assure toujours que le cheval a une compréhension solide de la boîte de sécurité.

Une fois que le cheval comprend cet exercice (c’est-à-dire, qu’il est capable de le répéter sans problème), je peux maintenant lui enseigner à être courageux. Le cheval va maintenant apprendre qu’il n’est pas nécessaire d’avoir peur des stimuli de l’environnement lorsqu’il est avec moi. Pour accomplir cet objectif, j’utilise un «endo-fouet», un fouet muni d’un drapeau à un bout, et d’une balle d’endo-tape au bout opposé. Cet outil est une extension de soi. J’utilise le drapeau pour enseigner au cheval qu’il ne doit pas ignorer mes demandes, et la balle d’endo-tape pour le relaxer. Lorsqu’on utilise un outil qui créer du bruit et des mouvements, il faut en premier lieu évaluer la réaction du cheval à une bonne distance. Chez les chevaux avec un tempérament nerveux et explosif, la distance sera plus grande que chez les chevaux avec une disposition calme. Il y a aussi des cas où un cheval a été expose à ce genre de stimulus dans le but de lui faire peur pour qu’il se déplace. Il est préférable d’éliminer insécurité et peur aussi vite que possible car un cheval qui est insécure n’apprendra rien de positif.

Ainsi, toujours avec le licol et la longe, je demande en premier temps au cheval de rester immobile. Ensuite, je secoue le drapeau à une distance sécuritaire du cheval. Si le cheval est très sensible au stimulus, je détourne mon regard de façon à minimiser la quantité de stimulation dirigée vers lui. Dans le cas où le cheval bouge, je lui demande de retourner à sa position, c’est-à-dire, dans la «boîte de sécurité» que j’ai établie avec lui. J’insiste que le cheval comprenne que c’est à cet endroit précis qu’il trouvera sécurité et confort. Le cheval alors apprend que rien d’effrayant ne lui arrive lorsqu’il est dans la «boîte de sécurité». C’est en fait un concept très simple: si le cheval se déplace, je le remets à l’endroit où il doit être. J’augmente le niveau de stimulation avec le drapeau tout en demeurant détendu et confiant. Je corrige le comportement du cheval calmement seulement lorsque cela est justifié. Je suis toujours conscient que le cheval pourrait me frapper avec ses pieds si je secoue le drapeau trop près. Naturellement, je garde une distance sécuritaire lors des premiers essais. Je commence à l’épaule, ensuite je continue au passage de la sangle, vers l’encolure et la tête et enfin, vers la croupe et les jambes.

Aussitôt que le cheval me permet de secouer le drapeau près de lui, je diminue la force des secouements pour qu’ils soient maintenant de simples touchés légers. Les secouements du drapeau attirent l’attention du cheval. Avant que le cheval réagisse, je le touche doucement avec le drapeau et je retire le drapeau immédiatement. De cette façon, le cheval n’a pas le temps de réagir et rien d’effrayant ne lui est arrivé. Par conséquent, le cheval sera moins susceptible d’exhiber une réaction la prochaine fois que je secouerai le drapeau. J’effectue cette manœuvre de façon à ce que le cheval développe sa confiance à travers le rythme de l’activité. Je le touche avec le drapeau avec attention et douceur et lorsque je secoue le drapeau, je ne le fais jamais avec l’intention de lui faire peur.

Lorsque je demande au cheval de se déplacer sur un cercle, j’utilise le drapeau pour rappeler au cheval qu’il ne doit pas ignorer ce que je lui demande. Je n’utilise pas le drapeau pour épeurer le cheval. Je veux simplement qu’il comprenne qu’il ne doit pas ignorer mes demandes, aussi subtiles soient-elles. Si le cheval s’excite lorsque j’utilise le drapeau, je me sers de la balle d’endo-tape située à l’autre bout du fouet pour ramener le cheval à un état de relaxation. Le cavalier doit être capable de diffuser l’excitation du cheval par des stimulations que le cheval est en mesure de comprendre. Cette compréhension va permettre au cheval de développer confiance en son cavalier. Il faut communiquer ce que l’on veut avec douceur et tact, mais aussi être capable d’insister de façon telle que le cheval ne puisse pas nous ignorer.

Cette méthode produit un état de relaxation chez le cheval sans pour autant le rendre passif. Le cheval devient alerte et sensible aux aides sans être effrayé par les stimuli environnementaux pour deux raisons : (1) L’endorphine secrétée durant l’endo-tape et (2) la confiance en son cavalier.

Lorsque je présente un exercice à un cheval, je le fais de façon telle que l’accent est mis sur ses succès et non ses échecs. L’objectif d’un bon programme d’entrainement n’est pas la vitesse avec laquelle le cheval apprend. Plutôt, cet objectif doit être de procurer au cheval une expérience positive lorsqu’il atteint un critère d’apprentissage. De cette façon, le cheval sera beaucoup plus disposé à se rappeler du nouvel apprentissage ultérieurement. Voilà ce que je considère être la responsabilité d’un bon leader. L’apprentissage du concept de «boîte de sécurité» aidera le cheval à faire d’autres apprentissages tels être attaché, être dans une remorque, attendre calmement avant le début d’une activité, etc.

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Coal apprend à demeurer dans la boîte de sécurité.

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Bruissement du drapeau dans les airs. Coal demeure dans la boîte de sécurité.


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Je corrige Coal pour qu’elle retourne dans la boîte de sécurité.

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J’endo-tape Coal pour le relaxer et diffuser tout anxiété qui pourrait s’accumuler.

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La rêne est flottante, les antérieurs s’éloignent de moi.

Bruissement du drapeau et contact derrière les oreilles. Coal ne s’effraies pas.


Bruissement du drapeau au sol. Coal demeure dans la boîte.

Coal se détend dans la boîte de sécurité et elle m’examine.

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